La bonne soupe aux choux

Georges Soumille

Il était maigre, maigre, maigre, au point que sa peau parcheminée semblait appliquée directement sur les os, sans la moindre trace de chair par dessous. Le visage était barré par une large moustache, roussie en son milieu, cependant que sous le front, une broussaille de sourcils masquait en partie les yeux gris bleu. Nous passions des heures entières, étant enfants, dans son atelier de tonnelier, à l’écouter nous raconter pour la centième fois, – en les enjolivant à chaque nouvelle édition de détails sensationnels pour nous, – ses faits d’armes durant la guerre de 1870. Et bien qu’en réalité il l’ait faite dans un dépôt de l’arrière, il avait fini par y croire tout autant que nous, à force de nous les répéter.

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